Prison, dépression, pendaison ...
Un détenu s’est suicidé par pendaison mercredi à la maison d’arrêt de Lille-Sequedin, et on vient d'apprendre aujourd'hui qu'un autre s'est donné la mort jeudi à la maison d'arrêt de Poitiers.
Ce suicide serait le 39ème depuis le début de l'année, soit un chiffre en augmentation d'environ 30% par rapport à la même période en 2008. 115 détenus s'étaient suicidés en 2008, soit déjà une hausse considérable par rapport à 2007 (96) et 2006 (93).
Un groupe de travail conduit par le psychiatre Louis Albrand a étudié les moyens de prévenir les suicides en prison et rendra son rapport à la Chancellerie prochainement lors d’un déjeuner de travail avec François Seners, le directeur de cabinet de la garde des Sceaux Rachida Dati. Celle-ci, qui ne sera pas présente pour l’occasion, « fera connaître dans les jours qui suivent les suites qu’elle entend donner à ce rapport, sans avoir encore déterminé s’il sera rendu public ». De toutes évidences, elle semble d’avantage préoccupée par les élections européennes et ne sera donc plus ministre dans 2 mois…
On comprend que Mme Dati ne veuille pas forcément que ce rapport soit rendu public. La situation est tellement désastreuse : surpopulation carcérale, forte hausse des suicides… Ces problèmes ne sont pas nouveaux, mais rien n’a été fait depuis 7 ans pour les régler !
L’observatoire international des prisons (OIP) et les associations ont déjà plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme sur la situation. Le commissaire aux droits de l’homme du conseil de l’Europe a même déjà rendu un rapport sur lequel on aurait pu se baser pour réformer cette institution qui fait la honte de notre pays.
Ce nouveau rapport Albrand est un rapport de plus, et ne nous apprendra rien de nouveau sur la situation carcérale actuelle. Encore une fois, c’est un nuage de fumée qui cache l’inactivité gouvernementale sur ce dossier.
La prison doit être pensée, non seulement comme un lieu où une peine est subie, mais comme un lieu de réinsertion où l’objectif principal est d’éviter la récidive. Pour cela, il faut permettre au détenu de retrouver une estime de soi, de se réinsérer socialement et professionnellement. Le travail et la formation en prison devraient donc être des priorités.
Mais ce débat n’intéresse pas l’opinion, qui estime généralement que les détenus n’ont que ce qu’ils méritent. Pourtant, au-delà du problème du respect des droits de l’homme, c’est l’intérêt de la société que de réformer une institution qui fabrique des criminels et des récidivistes, et qui rend les condamnés dans un état pire qu’à leur entrée en prison.